CV canadien et règles du jeu…

À la lecture de mon article sur le CV canadien, vous avez peut-être tiqué une à deux fois en vous demandant pourquoi il ne faut pas :

  • – préciser son âge et sa situation matrimoniale dans son curriculum,

  • – mettre des images ou présenter son CV en colonnes,

  • – ou encore, mentionner son adresse et son numéro de téléphone, s’ils ne sont pas canadiens.

    Vous souhaitez peut-être comprendre pourquoi et c’est bien normal. Alors, je vais éclairer votre lanterne.

    Des contraintes légales

Certaines règles sont en vigueur au Canada pour préserver vos données personnelles et éviter les jugements hâtifs. Vous savez, ces jugements que certains appellent poliment des « biais cognitifs », ou moins poliment des « discriminations »…

Afin qu’une chance soit donnée à tous, il a été statué qu’au Canada, l’âge, le sexe, la religion, la situation matrimoniale, la race ou encore la nationalité n’ont pas leur place dans une recherche d’emploi. Alors, vous savez quoi ? Ne les mentionnez pas sur votre CV. Car, à les renseigner, vous vous feriez repérer. À des kilomètres à la ronde, même ! Un peu comme un touriste habillé en hiver au beau milieu de l’été… Cela ne jouerait pas en votre faveur.

Quelque part, cela reviendrait à envoyer au recruteur le message subliminal suivant :

« Non, je n’ai pas fait mes devoirs. Je ne me suis pas renseigné sur les pratiques canadiennes. Et je n’ai pas cherché à m’adapter. Par contre, ce serait gentil que, vous, vous fassiez cet effort. Oui, s’il vous plait, faites cela pour moi. Merci d’avance. ».

Ce type de message n’a pas sa place dans un processus d’embauche. Alors, n’envoyez pas votre CV sans faire les retouches appropriées. Un CV canadien est différent d’un CV français. Certaines informations ne sont pas bonnes à préciser.

Voilà pour notre point sur les contraintes légales. Parlons à présent d’un autre type de contraintes : les contraintes informatiques. Certaines d’entre elles portent sur la forme et d’autres sur le fond.

Des contraintes informatiques

Vous l’ignorez peut-être, mais bien des sociétés au Canada utilisent des « Applicant Tracking System », ou si vous préférez : des logiciels de tri de CV. Ces programmes sont à même de « lire » puis de « détecter » certaines informations à l’aide de mots-clefs. Pour faire quoi au juste ? Monter votre CV en haut de la pile ou, au contraire, le faire descendre tout en bas, quitte à l’écarter…

Sur la forme

La plupart des logiciels « lisent » les CV. Sauf qu’ils n’ont pas la même habilité de lecture que vous et moi ! En tout cas, pas encore…

Leur lecture est « perturbée » quand il y a des retours à la ligne à des endroits où, théoriquement, il ne devrait pas y en avoir. Alors, plutôt que de faire votre CV en colonnes, faites votre CV en lignes, tout simplement.

Il en va de même pour les dessins, images ou logos. Ils ne sont pas toujours correctement « lus » par les logiciels. Alors, ne prenez pas de risque, n’en mettez pas. Et dans la même veine, n’utilisez pas des modèles Canva.

Vous ne savez pas si votre CV sera lu par un être humain ou un logiciel. Vous ne savez pas si la société auprès de laquelle vous postulez utilise un logiciel de tri récent et donc performant, ou au contraire obsolescent et donc moins compétent…

Mon conseil ? Faites un CV classique, certes un peu morne et monotone, mais qui aura le mérite d’être lu et potentiellement retenu ! Les formats Word ou PDF sont encore à ce jour vos meilleurs alliés.

Sur le fond

La plupart des logiciels sont programmés pour détecter certains mots-clefs. Essentiellement, cela leur permet d’approuver ou d’écarter un dossier. Voyons le premier cas de figure : la présélection d’un dossier.

Votre dossier sort du lot positivement

Un logiciel valorise un CV, quand il détecte des mots-clefs que le recruteur lui a spécifiés :

  • des maîtres-mots, présents dans l’offre d’emploi à laquelle vous postulez,

  • des maîtres-mots, fréquemment utilisés dans un secteur d’activité donné.

Il est crucial que vous repériez ces mots et les placiez de manière appropriée dans votre CV. Vous souvenez-vous de la veille sur LinkedIn dont je vous avais parlé dans mon article « Que faire avant de chercher un emploi au Canada ? » C’est là où elle fait montre de son utilité !

Une fois ces mots-clefs connus, réutilisez-les dans votre CV et votre lettre de motivation, non en les plaquant n’importe comment, mais les agençant ici ou là judicieusement. Ils seront ensuite détectés par le logiciel et feront gagner un meilleur score à votre dossier.

Jusqu’à présent, on a vu comment un logiciel détectait des mots-clefs afin de sélectionner un CV. À présent, regardons de près comment un logiciel peut détecter certains renseignements afin d’écarter un CV…

Votre dossier sort du lot négativement

Certains employeurs — et c’est leur droit — ne souhaitent pas faire de recrutement à l’international. Les procédures de recrutement étant habituellement plus longues et coûteuses, ils envisagent surtout un recrutement sur le marché local, à savoir le marché canadien.

Afin d’écarter des candidats internationaux, ils précisent différents critères dans leur Applicant Tracking System, comme la mise sur le côté des CV avec des adresses à l’étranger ou avec des numéros de téléphone dont le préfixe ne commence pas par +1.

Si vous souhaitez conserver vos chances en tant que candidat international, voici donc quelques astuces à suivre :

– si vous êtes déjà au Canada, ou savez déjà où vous logerez une fois au Canada, mentionnez cette adresse, plutôt qu’une autre à l’étranger. Si vous n’avez pas encore d’adresse au Canada, laissez le champ vide. Ou si la saisie du champ est obligatoire, notez seulement la ville où vous comptez habiter.

– si vous n’avez pas de numéro de téléphone canadien, il est urgent que vous vous en procuriez un ! Dans mon livre « Téléphoner au Canada sans se ruiner », je vous guide pas à pas sur cet épineux dossier. Je vous apprends comme obtenir un numéro canadien avant départ et comment réduire votre facture à l’arrivée ! Quoiqu’il en soit, ne notez pas sur votre CV un numéro de téléphone non canadien. Vous prendriez le risque que votre CV ne soit pas lu, mais tout simplement écarté.

Pourquoi prendre ces précautions ?

N’est-ce pas peine perdue, avec un employeur qui ne veut pas de candidat à l’international ?

Pas tout à fait ! Si votre CV sort du lot et plait, vous aurez la chance de plaider votre cause en entretien. Notamment, vous pourrez préciser que vous avez déjà, ou obtiendrez sous peu, le droit de travailler au Canada, et que, non, d’après ce que vous a dit votre conseiller en immigration, les délais d’attente et coûts ne sont pas aussi insurmontables qu’on pourrait le penser.

Bref, montrez votre compétence sur le sujet. Parfois, un employeur ne demande que cela : être rassuré ! En devançant ses craintes et en lui montrant que vous avez une stratégie d’immigration élaborée, il pourrait tout simplement succomber et vous offrir le poste tant convoité…

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