Faut-il paniquer face aux baisses des cibles d’immigration 2025-2027 ?
Le Canada a annoncé une réduction majeure des cibles d’immigration sur les deux prochaines années, à savoir la période courant de 2025 à 2027. Faut-il paniquer ? Pour moi, la réponse est à nuancer.
Mesures fédérales
Immigration temporaire
Pour les résidents temporaires, à savoir les travailleurs et les étudiants, la cible est de 673 650 en 2025, 516 600 en 2026 et 543 600 en 2027. Il y a donc du volume. On parle toute de même de plus de 0,5 million d’immigrants temporaires par année, sur une population qui n’atteint pas encore les 42 millions au Canada.
Immigration permanente
Pour les résidents permanents, la cible est de 395 000 pour 2025, 380 000 pour 2026 et 365 000 pour 2027. En 2024, la cible était de 485 000. Donc, oui, la cible de 2025 est plus basse que celle de 2024. Et oui, il y a une baisse pour les années suivantes. Maintenant, rembobinons un peu le fil de l’histoire. En 2022, la cible était de 361 000…
Dit autrement, oui, il y a une chute entre 2025 et 2024, mais si on compare 2025 à 2022, il y a une croissance. Sur une échelle de temps courte, il y a une baisse, mais sur une échelle de temps moyenne, il y a une hausse. Je vous incite donc à la pondération. La baisse est temporaire et elle n’est pas catastrophique.
La plupart d’entre vous viendront sans doute avec un programme d’immigration économique et beaucoup de places sont en jeu : plus de 232 000 !
Immigration permanente francophone
La cible d’admission pour les résidents permanents francophones hors Québec va augmenter. C’est une bonne nouvelle. Sur les cibles précédemment annoncées, la part des francophones va passer à 8,5 % pour 2025, à 9,5 % pour 2026 et à 10 % pour 2027. En chiffres, cela correspond à 29 325 résidents permanents francophones attendus pour 2025, 31 350 pour 2026 et 31 500 pour 2027. Alors, si vous êtes francophone, vous avez de belles cartes à jour en dehors du Québec.
Mesures québécoises
Je vais maintenant parler du Québec, et seulement du Québec.
Le plan d’immigration 2025 du Québec prévoit d’admettre de façon régulière entre 48 500 et 51 500 personnes immigrantes, auxquelles s’ajouteront les personnes sélectionnées dans le PEQ Diplômés du Québec.
L’immigration économique devrait représenter 72 % des admissions planifiées. Pour l’immigration économique toujours, 95 % des requérants principaux devront connaitre le français au moment de leur admission. Dit autrement, la maîtrise de la langue française sera un atout particulièrement important.
Maintenant, soyons clair, oui, il y a un nombre conséquent de personnes attendues, mais un fait demeure : le gouvernement québécois veut freiner, et même considérablement freiner, le nombre d’immigrants dans la province.
Alors, si vous souhaitez immigrer au Québec dans les prochains mois ou années, je vous encourage à faire preuve de patience, à rester informer et à faire appel à un conseiller ou un avocat en immigration afin de vous assister. (Pour rappel, je ne suis pas consultante réglementée en immigration ou avocate en immigration.)
Pourquoi ces réductions ?
Vous vous demandez peut-être pourquoi il y a toutes ces réductions sur les seuils d’immigration au Canada.
L’objectif est de ralentir la croissance migratoire de la population pour stabiliser le pays. Parce que, ces dernières années, l’arrivée massive d’immigrants a créé des pressions notamment sur le logement, la santé, l’éducation et les transports. Dans le même temps, cette arrivée massive d’immigrants a également été positive. Elle a permis de pourvoir de nombreux postes, ce qui a stimulé l’économie et a assuré une croissance du PIB. Cela a également permis de rajeunir le pays.
Je reviens sur ce point en particulier : le Canada est un pays vieillissant et le taux de fécondité au pays est relativement bas : 1,33 enfant par couple sur l’année 2022, alors qu’il faudrait un taux minimum de 2,1 pour assurer une croissance de la population. Dit autrement, à court terme, il est possible de freiner l’immigration pour stabiliser les infrastructures en place, mais à moyen terme, puis à long terme assurément, il y aura de l’immigration au Canada, car c’est la solution la plus pratique et rapide pour contrebalancer le vieillissement de la population, tout en stimulant l’emploi et l’économie.
Quelles conséquences cela a-t-il pour vous qui désirez partir au Québec ou au Canada ?
Il y a et il y aura toujours des changements en matière d’immigration au Canada. Alors, oui, c’est embêtant et frustrant, mais vous ne pouvez pas y faire grand-chose, si ce n’est d’accepter ce qu’il en est et d’avancer.
La compétition va sans doute être accrue. Je dis « sans doute », car, quand les vannes de l’immigration étaient grandes ouvertes, beaucoup de personnes voulaient tenter une aventure au Canada. Mais avec la fermeture partielle des vannes, beaucoup de personnes abandonnent leur projet. Elles jettent l’éponge, avant même de commencer. Dit autrement, le volume de demandeurs va potentiellement baisser, du simple fait des mesures annoncées. Mais entre les demandeurs qui resteront et s’accrocheront, oui, la compétition pourra être plus féroce qu’elle était. Plus féroce, mais pas impossible non plus. Je le rappelle : les volumes d’immigration ont certes temporairement baissé, mais ils demeurent conséquents.
Une immigration au Québec était peut-être votre premier choix. Mais, en toute franchise, cela devient compliqué. Alors, n’ayez pas peur d’envisager une autre province que le Québec. D’autant qu’en étant francophone et en immigrant hors Québec, vous aurez de belles cartes à jouer.
Votre état d’esprit et votre détermination vont être clé. Vous devez savoir pourquoi vous partez. Vous devez savoir où vous allez. Vous devez avoir un bon budget. Vous devez identifier un et même plusieurs programmes d’immigration pour votre projet. Vous devez être prêt à patienter et à serrer des dents si nécessaire. Ceux qui sont déterminés, tenaces et bien préparés mettront toutes les chances de leur côté. Mais ceux qui vacillent ou ceux dont le projet manque de clarté et de fermeté prennent le risque de ne pas y arriver.
Pour retrouver cet épisode en version audio, cliquez ici !